Michelangelo Buonarroti

Celui que le public français connaît sous le nom de Michel-Ange paraîtra sans doute lui aussi légitime, dans cette liste, surtout si l’on prend en compte le fait qu’il a été considéré comme le jeune rival du divin Léonard.
Et, pour être juste, il y a en effet de quoi documenter, chez lui, un parcours d’artiste pluriel ! Architecte de Saint-Pierre de Rome, il est également connu, a minima, pour les peintures de la Chapelle Sixtine, et encore, pour la célèbre statue du Moïse réalisée pour le pape Jules II. Combien d’artistes ont eu la possibilité de s’illustrer dans des disciplines différentes, et d’offrir des œuvres aussi en vue du grand public, et aussi significatives ? Ces grandes lignes sont déjà stupéfiantes, en elles-mêmes, avant même d’aborder le détail de son œuvre.
Mais il faut prendre conscience que c’est là LOIN de boucler la totalité des pratiques artistiques de Michel-Ange !
L’artiste laisse en effet une somme considérable de croquis et de dessins, qui couvrent aussi bien des fonctions d’illustration, que des fonctions théoriques : esquisses, illustrations de textes, ou études théoriques, ces nombreux dessins montrent un éventail passionnant de sa technique et de ses projections.
Et il faut ajouter à cela plus de trois-cents poèmes ! Si les premiers sont quelque peu étranges (surtout quand on les confronte aux poèmes de ses contemporains, ou des poètes des générations précédentes), on mesure, en lisant la totalité de sa production poétique, combien Michelangelo a à coeur de travailler la forme, et de parvenir à un style personnel policé, et identifiable. Il est vraisemblable que, chez lui, la poésie joue avant tout le rôle que joue, de nos jours, la thérapie : mais il se prend au jeu, au point que plusieurs de ses textes peuvent, à l’occasion, se retrouver associés à d’autres projets. Ainsi, une cinquantaine de poèmes composés à l’occasion de la mort de Cecchino Bracci, jeune élève du maître, voisine-t-elle avec la réalisation de la tombe qu’il réalise pour lui, dans l’église Santa Maria in Aracoeli, à Rome.
Le poème 54, mis en musique dans une traduction allemande par le compositeur Ugo Wolf, comporte enfin la mention « forse pensavo di cantare in rima », traduite en allemand par les mots « Ich dachte wohl ganz dem Gesang zu leben », qui pourrait suggérer que Michel-Ange aurait, ou bien pensé à consacrer sa vie à la poésie, ou même à chanter…
Quoi qu’il en soit, le fait que des compositeurs tels que Ugo Wolf, Dimitri Chostakovitch, André Boucourechliev, Benjamin Britten, ou Aribert Reinmann, aient choisi de mettre plusieurs de ses poèmes en musique, plaide amplement pour leur qualité. Orlando Bass s’est proposé d’illustrer musicalement la totalité des poésies de Michel-Ange !
Autant son aîné Leonardo da Vinci est considéré par les historiens d’art comme un peintre de génie, autant Michelangelo est, quant à lui, un sculpteur d’une dimension comparable à Phidias et à Rodin.