Apports des réalisations artistiques


Il nous a paru indispensable de distinguer les apports des réalisations artistiques des apports des expériences artistiques, afin de dissocier une forme de jugement de la société sur les arts en général, des compétences mises en jeu dans les pratiques artistiques.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que si l’on interroge des « personnes autorisées », de notables, des enseignants, des élus, des responsables de structures, des chefs d’entreprise, mais encore, les encyclopédies et dictionnaires, les principaux sites dédiés, les médias, à la question « Quel est l’apport de l’art? », majoritairement, la réponse portera sur la valeur marchande des œuvres, et, dans une moindre mesure, sur leur portée esthétique et leur signification philosophique.

Non seulement le travail des artistes, leur expérience, leurs compétences concrètes, a peu à voir avec ces considérations, et peuvent difficilement être transmis de cette manière, mais certains artistes, dont les œuvres comptent aujourd’hui parmi les plus chères au monde, les plus reconnues, les plus célèbres, ont paradoxalement vécu dans des conditions de misère qui jurent totalement avec la valeur marchande de leurs créations.

Si vous croyez honnêtement que ces propos soient exagérés, prenez le temps de vérifier les biographies d’artistes tels que Vincent van Gogh, Erik Satie, Arthur Rimbaud. Le poète des Illuminations a cessé d’écrire parce qu’il ne parvenait pas à vendre un seul exemple de son livre, Une saison en enfer. Il n’est pas un cas isolé : le grand peintre hollandais Vermeer de Delft, dont les œuvres comptent parmi les plus significatives de la période classique, et les plus chères du monde, n’a lui non plus jamais vendu la moindre toile, de son vivant ! Vincent van Gogh a connu à peu près le même sort, alors que ses œuvres sont aujourd’hui, avec celles de Leonardo da Vinci, les plus chères de notre civilisation.

Lorsqu’on veut bien dépasser la valeur financière des œuvres (dont on peut admettre que, dans certains cas, sa fixation peut se faire de manière relativement arbitraire), la seule autre manière de formuler une appréciation les concernant est l’approche philosophique.
Celle-ci a particulièrement été développée à partir des mouvements esthétiques allemands, au XVIIIe siècle, et du travail de penseurs tels que Kant et Hegel, qui ont inspiré des études d’historiens de l’art, qui ont interrogé les gestes techniques, les modes, les époques, les particularités individuelles, et proposé une forme de cartographie, et de classement, des réalisations, qui sert encore de modèle aujourd’hui, même à notre époque de mise à distance de toute forme de repère.

Il importe de s’arrêter davantage sur ces deux approches, pour se familiariser avec leurs spécificités, apprécier les aspects tangibles des conclusions qu’elles apportent, et être en mesure d’exprimer clairement leurs limites, voire… leur inadaptation au sujet.