Mstislav Rostropovitch


Le cas de Rostropovitch est très intéressant. Pour le grand public mélomane, il est considéré comme le plus grand violoncelliste de tous les temps, peut-être plus que Pablo Casals et Jacqueline Dupré. Beaucoup de mélomanes qui l’admirent, l’adorent, même, en tant que violoncelliste, affectent par contre de le mépriser, en tant que pianiste, et le considèrent comme passable, en tant que chef d’orchestre.
La réalité est… très intéressante. En effet, Rostropovitch a obtenu son Premier Prix du Conservatoire de Moscou en tant que pianiste AVANT d’obtenir son Premier Prix en tant que violoncelliste. S’il n’était peut-être pas l’équivalent de Sviatoslav Richter, ou d’Emil Gilels, il était néanmoins un vrai pianiste, formé à la même école qu’eux.
Il a également obtenu son Premier Prix de direction d’orchestre, ce qui lui a permis, du reste, de discuter de manière très précise avec nombre de compositeurs, pour les créations des nombreuses œuvres qu’il a provoquées au fil de sa carrière (une des principales raisons qui le font considérer comme un violoncelliste de dimension historique : il a effectivement contribué, à lui tout seul, à accroître considérablement le répertoire de son instrument). Il n’était peut-être un chef du niveau de Mravinsky, de Kondrashin ou de Svetlanov, mais il laisse malgré tout un éventail plus qu’intéressant d’enregistrements, dans lesquels on reconnaît des vertus appréciables de l’école russe de l’époque.
Il est donc, d’une part, difficile de contester qu’on doive le considérer comme un authentique artiste pluriel, et, de l’autre, tout aussi difficile de le disqualifier comme on le voudrait, dans les deux autres disciplines où il s’est illustré.